23/10/2025 reseauinternational.net  4min #294213

Médias : le président du Cameroun a proposé au leader de l'opposition le poste de Premier ministre

par Evguenia Mylnikova

Le président du Cameroun Paul Biya a proposé à son principal rival à l'élection présidentielle, le chef de l'opposition Issa Tchiroma, d'occuper le poste de Premier ministre en échange de la reconnaissance des résultats officiels du scrutin présidentiel. C'est ce qu' a rapporté Jeune Afrique, citant des sources proches des deux hommes politiques.

Selon le magazine, après que la commission électorale a annoncé que le président sortant était en tête du scrutin avec 53,66% des voix contre 35,19% pour le leader de l'opposition, des négociations informelles ont commencé entre les deux hommes. Les contacts se sont déroulés par des intermédiaires, notamment le gouverneur de la région du Nord Jean Abaté Edi'i, à travers lequel M. Biya a transmis sa proposition à M. Tchiroma.

Le président a proposé au chef de l'opposition le poste de Premier ministre, ainsi que la promotion de certains de ses partisans dans le gouvernement, en échange de la fin de la contestation des résultats électoraux, écrit Jeune Afrique. En outre, selon le magazine, les représentants du pouvoir ont promis de mener une réforme expresse de la législation électorale avant les élections législatives de 2026. Cette proposition a été appuyée par plusieurs diplomates étrangers favorables à une résolution pacifique de la crise politique potentielle

Cependant, M. Tchiroma a refusé cette offre. L'un de ses proches collaborateurs a confié à Jeune Afrique que le leader de l'opposition considérait cette initiative comme une tentative de sa «neutralisation politique».

«Tout ce qu'Issa Tchiroma Bakary exige, c'est la reconnaissance de la vérité des urnes», cite Jeune Afrique un membre de l'équipe du candidat.

Selon l'opposition, M. Tchiroma aurait recueilli au moins 60 % des voix au niveau national, et dans 18 départements, il aurait obtenu le soutien de 80% des électeurs. Son équipe continue de publier des copies des procès-verbaux des bureaux de vote et prépare un plan d'action pour «défendre la victoire populaire» en attendant la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel, attendue au plus tard le 26 octobre.

L'élection présidentielle  s'est tenue le 12 octobre. Deux jours plus tard, le candidat de l'opposition Issa Tchiroma, âgé de 76 ans, a proclamé sa victoire et a appelé le président sortant Paul Biya, 92 ans, le plus ancien chef d'État en exercice dans le monde, à reconnaître sa défaite. Le parti de M. Biya a rejeté la déclaration de M. Tchiroma et l'a accusé de vouloir perturber le processus électoral.

La commission électorale a approuvé, le 15 octobre, la composition de la Commission nationale chargée du décompte final des voix à l'élection présidentielle. Y ont été intégrés des membres de la commission électorale, des cadres gouvernementaux ainsi que des représentants officiels des partis des candidats. Cependant, par la suite, le parti d'opposition FSNC - dont le leader est Issa Tchiroma - a quitté cette commission.

Dans la soirée du 16 octobre, des manifestations  ont éclaté dans plusieurs villes du pays en réaction aux accusations de fraude électorale. Le 17 octobre, des manifestants ont incendié le siège du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Les forces de sécurité camerounaises  ont utilisé des gaz lacrymogènes dans la capitale Yaoundé pour disperser une manifestation contre la fraude électorale.

source :  African Initiative

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