par Franck Pengam
Huang, le patron de Nvidia, l'a confirmé début octobre à New York : depuis 2022, Washington interdit complètement à la firme d'exporter ses puces IA haut de gamme vers la Chine, faisant chuter sa domination sur les puces avancées de 95% à zéro sur ce marché clé. A100, H100, H200 - aucune exception !
Les relations sino-américaines sont très tendues dernièrement. Cette guerre technologique a des répercussions énormes sur le marché mondial, avec les États-Unis qui bloquent l'accès aux technologies les plus avancées pour leur rival.
Face à ce blocus, le PDG de Nvidia n'a pas caché son désarroi.
«Nous continuerons à expliquer et informer, et garder l'espoir d'un changement de politique», a-t-il déclaré.
Un discours prudent qui révèle bien son impuissance face aux décisions de l'administration américaine.
Jensen Huang: "We (Nvidia) are 100% out of China. We went from 95% market share to 0%. I can't imagine any policymaker thinking that's a good idea."Chinese AI labs like DeepSeek now have to use Chinese chips for both inference and training.
Chinese chips will inevitably rise... pic.twitter.com/0xL05sKbff
- Yuchen Jin (@Yuchenj_UW) October 17, 2025
Les conséquences de la censure technologique
Pour Huang, l'exclusion de Nvidia en Chine est désastreuse pour tous.
«Ce qui nuit à la Chine pourrait souvent aussi nuire à l'Amérique, et même pire», a-t-il déclaré sans détour.
Le patron du géant des puces rappelle le poids stratégique de l'Empire du Milieu dans la recherche sur l'intelligence artificielle, avec environ 50% des chercheurs mondiaux en IA.
Les géants technologiques chinois de l'IA s'affranchissent de la tutelle américaine. Huawei en tête, ils développent leurs propres puces pour contourner les restrictions imposées par Washington.
Ces avancées technologiques, combinées à des méthodes de regroupement innovantes et à des techniques de fabrication de pointe, permettent à Pékin d'éroder l'hégémonie de Nvidia tout en accélérant sa quête d'autosuffisance.
Le fabricant américain, qui avait pourtant obtenu l'autorisation de commercialiser sa puce H20 (une version bridée) en Chine, voit sa position dominante s'effriter.
La quête d'indépendance technologique de la Chine
Cette quête d'indépendance technologique s'inscrit dans une stratégie claire. Alors que l'Occident multiplie les sanctions économiques contre ses adversaires géopolitiques, la Chine développe ses propres technologies, une leçon que les dirigeants feraient bien de méditer avant de s'incliner devant les diktats de Bruxelles ou Washington.
Entre les procédés de fabrication ultra-modernes et cette volonté d'autonomie, l'industrie chinoise des semi-conducteurs avance à marche forcée.
Pékin a lancé une enquête de sécurité sur le H20, forçant les clients locaux à s'éloigner du produit. Nvidia perd alors progressivement du terrain en Chine.
Huang a tiré la sonnette d'alarme : exclure Nvidia du marché chinois, c'est offrir sur un plateau ce marché aux entreprises locales, Huawei en première ligne.
«C'est une erreur de ne pas laisser ces chercheurs construire l'IA sur la technologie américaine», a-t-il déclaré.
L'absence de Nvidia sur le marché chinois n'est qu'un début. La Chine avance à grande vitesse dans le développement de ses propres puces, et sans la présence américaine, l'échiquier mondial des semi-conducteurs et de l'intelligence artificielle sera chamboulé.
Interdiction des puces IA de Nvidia en Chine
Nvidia ne peut plus vendre en Chine : l'agence de cybersécurité chinoise a pris des mesures draconiennes en interdisant aux entreprises domestiques l'achat des puces AI de Nvidia. Le Financial Times révèle que ByteDance (propriétaire de TikTok) et Alibaba se sont vu ordonner d'arrêter immédiatement les tests et commandes du serveur RTX Pro 6000D - un modèle que Nvidia avait spécialement conçu pour contourner les restrictions sur le marché chinois.
Cette interdiction n'est pas anodine : elle représente un coup dur pour Nvidia, dont l'action en bourse a explosé ces derniers mois grâce à l'engouement pour l'IA. Mais c'est surtout un message clair envoyé à Washington - la Chine ne se laissera pas dicter sa politique technologique.
Entre les sanctions américaines et maintenant les contre-mesures chinoises, les entreprises tech sont prises en otage dans ce bras de fer géopolitique.
source : Géopolitique Profonde