24/10/2025 ssofidelis.substack.com  7min #294325

Trump affirme qu'il tranchera sur la possible libération de Marwan Barghouti et qu'il ira bientôt à Gaza

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Par  Middle East Eye, le 23 octobre 2025

Le président  américain Donald Trump a déclaré que son choix sera déterminant pour la libération du leader politique  palestinien emprisonné Marwan Barghouti, et qu'il prévoit de se rendre prochainement dans la  bande de Gaza.

Ce ne sont là que deux des informations communiquées par Trump dans une longue interview accordée au magazine TIME et publiée jeudi, dans laquelle il a évoqué le cessez-le-feu à Gaza et les prochaines mesures de son administration dans la région.

Cette interview intervient alors que Trump continue de savourer sa  victoire après avoir négocié un gel des hostilités à Gaza. L'accord a été entaché de violations, notamment le refus d'Israël d'ouvrir le poste-frontière de Rafah et les frappes aériennes israéliennes sur l'enclave.

Par ailleurs, le Hamas n'a pas désarmé et la force internationale de maintien de la paix composée d'États arabes et musulmans n'a pas encore été déployée dans l'enclave, alors que ces deux points figuraient dans le plan en 20 points de Trump pour Gaza.

Trump s'est rendu en Israël et en  Égypte au début du mois pour célébrer le cessez-le-feu. Dans l'interview accordée au magazine Time, il a souligné une nouvelle fois son rôle dans la conclusion de l'accord.

Le président américain a présenté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu comme le principal obstacle à un accord, et non le Hamas.

"Il (Netanyahu) aurait préféré continuer", a déclaré Trump au magazine TIME. "Cela aurait pu durer des années. Des années. Mais je l'ai arrêté, et tout le monde a fait front quand je l'ai arrêté".

Trump a également déclaré que sa décision de bombarder les installations nucléaires  iraniennes en juin, rejoignant Israël dans son attaque surprise contre la République islamique, a été le catalyseur de son accord à Gaza.

"Il aurait été impossible de conclure un accord comme celui-ci auparavant", a déclaré Trump. "Aucun président n'était prêt à le faire, mais j'y étais prêt. Et ce faisant, nous avons métamorphosé le Moyen-Orient".

Le "cessez-le-feu" à Gaza n'a même pas un mois, mais Trump a dû envoyer une série de conseillers et de lieutenants en Israël pour assurer sa stabilité.

L'envoyé de Trump, Steve Witkoff, et son gendre, Jared Kushner, sont allés en Israël en début de semaine. Pour la première fois depuis l'entrée en fonction de l'administration, le vice-président américain JD Vance semble jouer un rôle plus public dans ce dossier, puisqu'il était en visite en Israël mercredi et jeudi.

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio est également arrivé jeudi.

Annexion de la Cisjordanie

Vance, considéré comme l'un des héritiers les plus proches de la politique étrangère dite "America First" de Trump, a vivement critiqué jeudi la Knesset israélienne pour avoir voté en faveur de deux projets de loi visant à annexer la Cisjordanie occupée.

"C'était une manœuvre politique particulièrement stupide, et je la prends personnellement comme une insulte. La politique de l'administration Trump prévoit que la Cisjordanie ne sera pas annexée par Israël", a déclaré M. Vance.

L'annexion de la Cisjordanie "n'aura pas lieu parce que j'ai donné ma parole aux pays arabes". - Donald Trump, président des États-Unis

Les déclarations de M. Vance font suite aux affirmations répétées de Donald Trump selon lesquelles il entend empêcher l'annexion par Israël. Il a fait cette première promesse avant de négocier un cessez-le-feu à Gaza, et il l'a répétée dans son interview avec TIME.

"Cela n'arrivera pas parce que j'ai donné ma parole aux pays arabes", a-t-il déclaré. "Israël perdra tout soutien des États-Unis si cela se produit".

De nombreux observateurs et diplomates dans la région ont déclaré que le cessez-le-feu à Gaza risque de capoter si l'administration Trump ne se concentre pas sur des détails essentiels, tels que la gouvernance.

Trump a négocié cet accord entre autres parce qu'il a omis ces détails épineux lors des négociations, mais sur un point essentiel, celui du leadership de Gaza après la guerre, il a semblé manifester une certaine connaissance du sujet.

Le sort de Barghouti

Trump a déclaré au magazine TIME qu'il ne voit pas Mahmoud Abbas, le président octogénaire de l'Autorité palestinienne, diriger Gaza après la guerre.

Trump a laissé entendre pour la première fois qu'il sera sans doute difficile de trouver un partenaire palestinien avec lequel son administration pourra travailler.

"Ils n'ont pas de dirigeant pour le moment", a déclaré Trump. "Du moins, pas de dirigeant de premier plan. Et ils ne veulent pas vraiment en avoir, car tous leurs dirigeants ont été abattus. Ce n'est pas un poste très convoité".

On ne sait pas s'il faisait référence à l'Autorité palestinienne, au Hamas ou aux dirigeants palestiniens en général.

Il a déclaré avoir récemment discuté de la libération de Barghouti.

Selon les sondages d'opinion, Barghouti est la personnalité politique palestinienne la plus populaire. Il était membre du parti laïc palestinien Fatah et adjoint de Yasser Arafat.

Il est considéré comme un leader intègre et impartial, capable d'unir les différentes factions palestiniennes.

Il est emprisonné en  Israël depuis 2002, purgeant cinq peines à perpétuité pour son rôle présumé dans des meurtres commis pendant la deuxième Intifada.

Middle East Eye  a rapporté que les médiateurs arabes et Witkoff s'étaient mis d'accord sur une liste de prisonniers prévoyant la libération de Barghouti pendant la première phase du cessez-le-feu à Gaza, mais que son nom a été unilatéralement supprimé par le bureau du Premier ministre israélien à la dernière minute.

"On m'a vraiment fait part de ce problème environ 15 minutes avant votre appel", a répondu Trump lorsqu'on lui a demandé s'il comptait faire pression sur Israël pour libérer Barghouti. "Je vais donc prendre une décision".

Arabie saoudite

Trump a déclaré au TIME qu'il a l'intention de se rendre prochainement à Gaza. Il serait ainsi le premier président américain de l'histoire à visiter l'enclave. Mais il a également clairement indiqué que son objectif principal va au-delà de Gaza.

Trump considère les accords d'Abraham de 2020, grâce auquels les  Émirats arabes unis, le  Maroc et  Bahreïn ont établi des relations diplomatiques complètes avec Israël, comme une marque de fabrique de sa politique étrangère. Il a exercé de fortes pressions pour que l' Arabie saoudite adhère à ces accords, mais Riyad a résisté.

Le prince héritier Mohammed ben Salmane a déclaré publiquement qu'Israël se rend coupable de génocide dans la bande de Gaza et a refusé de débattre de la normalisation tant que les attaques israéliennes se poursuivent. Riyad a également appelé à des mesures irrévocables en faveur d'un État palestinien comme condition préalable à un accord.

Trump n'a pas déclaré compter sur des progrès rapides concernant un État palestinien, mais il a ajouté au magazine TIME être convaincu que Riyad se joindra aux accords d'ici fin 2025.

"Je pense que l'Arabie saoudite est sur le point de se lancer", a-t-il déclaré.

"Nous ne sommes plus menacés par l'Iran. Nous ne sommes plus menacés par personne. La paix règne au Moyen-Orient".

Traduit par  Spirit of Free Speech

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