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 La première phase de l'accord de paix de Trump pour Gaza est signée, mettant fin à deux ans de génocide

Le Plan de paix pour Gaza de Trump ressemble à un mariage sans la présence des mariés

Par Larry C Johnson - Le 14 octobre 2025 - Source  Son of the new American revolution

Donald Trump a recueilli quelques succès politiques majeures aujourd'hui en signant son Plan de paix pour Gaza, avec une série de dirigeants européens, asiatiques et arabes assis dans des sièges bon marché regardant le spectacle. Mais qui signe un accord de paix alors qu'aucune des deux parties au conflit n'est présente ? C'est plus qu'une mauvaise blague, c'est une arnaque. Je peux comprendre que l'on organise des funérailles pour les chers disparus même si le cadavre n'est pas présent, mais ce qui s'est passé aujourd'hui à Charm El-Cheikh ressemblait plus à un mariage royal sans la présence de la mariée ou du marié, ni l'un ni l'autre n'ayant choisi d'y assister, même par vidéoconférence.

Je peux deviner pourquoi Bibi ne s'est pas montré... La majorité des personnes présentes avaient récemment accordé une reconnaissance officielle à la Palestine en tant qu'État et Bibi ne voulait aucune photo de lui serrant la main de l'un d'eux. Les responsables israéliens, s'adressant à la presse hébraïque, continuent d'insister sur le fait qu'il n'y aura jamais d'État palestinien.

Le Hamas, pour sa part, est le plus important des 14 groupes de résistance palestiniens. Même si le Hamas acceptait de désarmer - ce qu'il ne fera pas à mon avis - cela laisse encore 13 autres groupes, tels que le Jihad islamique palestinien, le Front démocratique de Libération de la Palestine et le Front Populaire de Libération de la Palestine.

La phase I, c'est-à-dire l'échange d'otages contre des Palestiniens emprisonnés, se terminera cette semaine. Je soupçonne que le Hamas ne sera pas en mesure de restituer tous les restes parce que certains des otages israéliens sont enterrés sous les décombres dus aux attaques de l'Armée de l'air israélienne. Je n'écarte pas la possibilité que Bibi utilise cela comme une justification pour reprendre la campagne de bombardements dans l'espoir de forcer les Palestiniens à quitter Gaza.

Le joker, c'est Donald Trump. Beaucoup des plus fervents partisans pro-israéliens en Occident interprètent, à tort, la présentation d'aujourd'hui des différents dirigeants arabes, musulmans, Asiatiques occidentaux et européens comme la preuve qu'il existe un consensus sur le désarmement du Hamas. Pourtant, comme je l'ai noté plus haut, la majorité des dirigeants présents insistent officiellement sur le fait qu'il y aura un État palestinien. Je suis à peu près sûr que Donald Trump leur a dit ce qu'ils voulaient entendre, c'est-à-dire qu'il pousserait Israël à accepter un État palestinien, et je suis également certain qu'il a dit exactement le contraire à ses copains sionistes. Donc, peu importe ce que fait Trump, l'un de ces groupes sera en colère et déçu.

Ensuite, il y a l'Iran. Je pense qu'il y a un accord qui pourrait être conclu, par exemple, l'Iran reconnaît Israël en échange de la création d'un État palestinien indépendant. Les sionistes rejetteraient cela, mais la majorité du monde adopterait avec enthousiasme cette solution, surtout si les États-Unis acceptaient de mener la charge. Mais n'espérez pas trop cela.

À en juger par l'histoire, il n'y a aucune chance que cet accord produise la paix que Donald Trump envisage. Depuis la Guerre des Six Jours de 1967, le conflit israélo-palestinien a connu de nombreux cessez-le-feu (également appelés trêves, hudnas ou armistices), impliquant principalement Israël et des groupes palestiniens comme l'OLP, le Fatah, le Hamas et le Jihad islamique palestinien (JIP). Celles-ci sont souvent médiatisées par l'ONU, l'Égypte, le Qatar ou les États-Unis et ont tendance à suivre des escalades telles que des guerres, des intifadas ou des opérations à Gaza. La « déclaration » fait généralement référence à des accords formels entre les parties, bien que certains soient unilatéraux ou non imposés.

Il est difficile de les compter précisément en raison de définitions variables-par exemple, de courtes pauses humanitaires par rapport à des trêves plus longues-et de chevauchements (par exemple, le cessez-le-feu de la guerre du Kippour de 1973 s'appliquait à l'Égypte/à la Syrie mais avait des implications palestiniennes directes). Sur la base de chronologies complètes provenant de sources telles que CFR, Al Jazeera, Wikipedia et IMEU, au moins 12 cessez-le-feu majeurs ont été déclarés entre Israéliens et Palestiniens depuis 1967. Cela exclut les pauses locales mineures ou les trêves israélo-arabes non spécifiques à la Palestine (par exemple, Liban de 1982). Beaucoup ont duré des jours, voire des mois, avant des violations ou des ruptures, souvent dues à des tirs de roquettes, à des frappes aériennes ou à l'échec des négociations.

Informations Clés

Décompte total : 12 cas majeurs, mais certaines sources (par exemple, les fiches d'information de l'UIMM) en répertorient plus de 20 si elles incluent des opérations plus courtes à Gaza (par exemple, les affrontements du JIP de 2019 et 2022) ou des trêves intra-palestiniennes avec implication israélienne.

Durée moyenne : ~2-3 ans pour les trêves d'avant 2008 ; <1 an après 2008, reflétant la volatilité de Gaza.

Schémas communs : La plupart échouent en raison d'accusations mutuelles de violations (par exemple, roquettes contre incursions). Celles axées sur Gaza (après 2007) sont plus courtes, liées au régime et aux blocus du Hamas. Les plus larges (par exemple, Oslo) ont duré plus longtemps mais n'ont pas résolu les problèmes fondamentaux tels que les frontières/colonies.

À la lumière de cette histoire, les chances que cet accord de paix perdure sont minces.

Larry C Johnson

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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