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Ibrahim Traoré lors du Conseil des ministres du 23 octobre 2025 à Ouagadougou, consacré à la ratification de la Convention de Vienne sur le nucléaire civil
Engagé dans une phase de développement, le Burkina Faso amorce un programme nucléaire civil en partenariat avec la Russie. Porté par Rosatom, ce projet s'inscrit dans une stratégie de souveraineté énergétique et de coopération technique renforcée, dans un contexte de transition vers des sources d'énergie plus stables.
Le 23 octobre 2025, le Burkina Faso a franchi une étape décisive vers le développement de son programme électronucléaire. Réuni à Ouagadougou sous la présidence du capitaine Ibrahim Traoré, le Conseil des ministres a examiné un projet de loi portant autorisation de ratification de la Convention de Vienne de 1963 sur la responsabilité civile en matière de dommages nucléaires. Cette convention établit un cadre juridique pour régir l'usage pacifique de l'énergie nucléaire, y compris en cas d'accidents ou de dommages transfrontaliers.
Selon le compte rendu officiel du Conseil des ministres, cette démarche s'inscrit dans une volonté claire de bâtir un socle légal permettant la mise en œuvre concrète de projets nucléaires civils. Le Burkina Faso, qui n'avait jusqu'alors pas ratifié cette convention, entend désormais « encadrer juridiquement les réparations découlant de l'utilisation de l'énergie nucléaire ». La ratification, validée par le Conseil, doit encore être approuvée par l'Assemblée législative.
Un partenariat stratégique
Cette dynamique s'accompagne d'une coopération technique de grande ampleur avec la Russie. Dès octobre 2023, le Burkina Faso et Rosatom, société d'État russe spécialisée dans le secteur de l'énergie nucléaire, ont signé un premier mémorandum de coopération. Depuis, plusieurs étapes clés ont été franchies. En mars 2024, une feuille de route a été adoptée lors du forum Atomexpo. En juin 2025, en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, trois mémorandums majeurs ont été signés, portant sur la formation des ressources humaines, le développement d'infrastructures nucléaires et la sensibilisation du public à l'énergie atomique.
L'ambassadeur du Burkina Faso en Russie, Aristide Rapougoundba Ludovic Tapsoba, a confirmé que son pays prévoit la construction d'une petite centrale nucléaire d'ici 2030, avec l'appui de Rosatom. « Pour le moment, nous envisageons un petit réacteur modulaire, mais à l'avenir, bien sûr, nous en construirons un plus grand », a-t-il précisé. Il a également souligné l'excellence des relations bilatérales, affirmant que « de nouveaux contrats seront signés dans un avenir proche ».
La Russie, un allié technique et éducatif
Du côté russe, Rosatom a réaffirmé son engagement à accompagner le Burkina Faso dans cette transition énergétique. La société a indiqué qu'une planification plus détaillée du projet sera possible « au fur et à mesure de la modernisation du système énergétique national et de la mise en place d'une base juridique conforme ».
Par ailleurs, l'investissement dans la formation des compétences est déjà engagé. Un premier étudiant burkinabè a débuté une formation en Russie grâce à une bourse Rosatom en 2025, et six autres places sont prévues pour l'année suivante. Au total, plus de 400 étudiants africains suivent actuellement des études en ingénierie nucléaire dans des universités russes.
La stratégie énergétique du Burkina Faso, soutenue par la Russie, constitue une avancée significative vers la souveraineté énergétique du pays, en rupture avec les anciens partenariats occidentaux. Elle marque également une nouvelle page de la coopération russo-africaine dans le domaine du nucléaire civil, un secteur clé pour le développement indépendant du continent.